Vous êtes héritier d’une exploitation agricole et la situation avec vos cohéritiers est particulièrement tendue. Certains refusent de vendre, d’autres souhaitent continuer leur activité dans l’exploitation et certains réclament à la succession une indemnisation pour leur participation à l’entreprise. Sachez qu’une exploitation agricole présente des particularités qui peuvent engendrer des situations conflictuelles au moment du partage, conduisant parfois au blocage. Cependant, vous ne devez pas rester dans une telle situation, le partage doit être réalisé au plus vite afin que chacun puisse reprendre le cours de sa vie.
Dans le cadre d’une exploitation agricole, des désaccords propres à la nature particulière d’un tel héritage peuvent survenir. La loi a mis en place certains mécanismes pouvant permettre de trouver une issue à cette situation de blocage, encore faut-il être bien conseillé.
Avez-vous pensé à l’attribution préférentielle ?
Ce clivage apparait notamment entre les héritiers attachés à la terre de leur parent sur laquelle ils se sont investis et entre les héritiers plus citadins qui ne voient pas l’intérêt de la garder et qui préfèreront récupérer le produit de la vente.
Sachez que face à cette situation pouvant paralyser la succession pendant de nombreuses années, la loi a mis en place l’attribution préférentielle. Ce mécanisme permet à un héritier de se voir attribuer le bien à charge d’indemniser ses cohéritiers par le biais d’une soulte. La loi pose certaines conditions pour pouvoir en bénéficier notamment celle d’avoir effectivement participé à l’exploitation. Cette attribution peut être faite à l’amiable.
Attention ! l’attribution peut être refusée par vos cohéritiers estimant par exemple le montant de la soulte trop faible. Dans ce cas il vous faudra aller devant le TGI.
Réclamez la créance de salaire différé
Un litige peut également intervenir entre les enfants et le conjoint survivant. Ce dernier considère qu’il a participé à l’activité et à la mise en valeur de l’exploitation sans jamais rien percevoir ! Autant avant le décès de son époux, il ne demandait rien autant aujourd’hui il estime avoir droit à une indemnisation. Cette situation est très fréquente dans le cas d’une famille recomposée ou lorsqu’il existe des tensions familiales très importantes (les enfants ne s’entendent plus avec le parent survivant et ne veulent rien lui laisser…).
Dans ce cas-là, la loi a mis en place la créance de salaire différé qui permet à la personne concernée de réclamer à la succession une somme correspondant à l’aide apportée dans l’entreprise. Des conditions sont posées par la loi. Tout ici sera une question de preuve. Vous devrez prouver que vous avez participé à l’activité de l’entreprise et que vous n’avez rien perçu en retour.
La vente de l’exploitation peut elle aussi se révéler délicate. Les héritiers sont d’accord pour vendre, mais ne s’accordent pas sur la valeur du bien. En effet l’évaluation d’une exploitation agricole peut être conflictuelle, car plusieurs éléments constituent cette dernière : des éléments patrimoniaux corporels (bâtiments, terres, machines…) et des éléments incorporels (marques, fichier client…). Ces derniers sont parfois très difficiles à chiffrer, à évaluer pour un non professionnel. Si vous ne parvenez pas à un accord, il faudra saisir le Tribunal de Grande Instance qui désignera un expert pour évaluer le bien.
Attention à la déclaration de succession il ne faut pas que vous sous-évaluiez un bien au risque de vous voir appliquer un redressement fiscal et dans certains cas une sanction.
Ne restez pas dans une situation précaire et incertaine.
Dans certains cas, lorsque l’accord n’est pas possible une action en justice sera nécessaire pour assurer le respect des droits de chacun.