Cour d'appel de Paris, testament olographe et condition suspensive

Cour d'appel de Paris, testament olographe et condition suspensive
- avocats au Barreau de Paris | Publié le

Lorsqu’une personne effectue un testament, elle peut soumettre l’exécution du testament à la réalisation de certaines conditions. Il existe plusieurs types de conditions ayant différents effets. Le 21 mars 2012, la Cour d’appel de Paris a dû examiner la validité d’un testament olographe avec une condition suspensive.

Les faits de l’arrêt

Une personne est décédée le 8 août 2006. Cette personne vivait en concubinage avec une autre personne depuis de nombreuses années. Le 12 avril 2006 cette personne devait subir une opération importante.

Ne sachant pas quelle pourrait être l’issue de son opération, la personne avait envoyé par fax, le 11 avril 2006, à son banquier, une lettre dans laquelle il expliquait qu’il souhaitait léguer la moitié des sommes figurant sur deux de ses comptes à sa concubine. Toutefois, le défunt avait précisé que cette disposition ne devait prendre effet que s’il lui arrivait un accident lors de l’opération.
 
Or, lors de l’opération aucun accident n’a eu lieu et la personne est décédée le 8 août 2006. Suite à son décès, quatre mois après l’opération, c’est le fils de la personne qui a hérité de la succession de son père.

La concubine a saisi le Tribunal de grande instance de Paris pour faire valoir le fax envoyé au banquier comme testament olographe. Et le fils a interjeté appel afin de faire annuler la décision du Tribunal de grande instance de Paris.

La validité d’un testament olographe

Les juges de la Cour d’appel de Paris se sont interrogés sur la validité et la portée d’une lettre envoyée par fax, à savoir, quelles étaient les dernières volontés du défunt.

Les juges ont d’abord confirmé que la lettre envoyée par le défunt respectait bien les conditions de validité d’un testament olographe. C’est en vertu des articles 967 et 970 du Code civil que se fonde la décision de la Cour d’appel de Paris. En effet, un testament olographe est « écrit en entier, daté et signé de la main du testateur : il n'est assujetti à aucune autre forme ». En l’espèce, le défunt avait envoyé par fax une lettre écrite de sa main, datée et signée. Dès lors, cette lettre pouvait s’analyser comme un testament olographe.

Par conséquent, il en résulte qu’une lettre écrite en entier, datée et signée par la main d’une personne peut constituer un testament olographe.

Testament avec conditions suspensives

Lorsqu’un testament est rédigé, il est possible d’y insérer des conditions suspensives. Le but de ces conditions est de soumettre l’exécution du testament à la réalisation d’un évènement. Tant que l’évènement n’est pas réalisé, le gratifié ne pourra pas accéder à son leg.

En l’espèce, dans l’arrêt du 21 mars 2012, le défunt avait déclaré « qu’il souhaitait léguer 50% d’une partie de ses avoirs s’il lui arrivait un accident lors de l’opération ». La Cour d’appel a relevé qu’il existait bien un leg particulier, mais aussi que cette libéralité n’était valable que si le décès du testateur venait à survenir lors de son opération.

Les juges ont considéré que, le testateur n’étant pas décédé le jour de l’opération, la condition n’avait pas été exécutée et que donc, le testament devenait obsolète. En conséquence, la Cour a jugé que la concubine ne pouvait réclamer le leg.

En outre, les juges ont rappelé que lorsque qu’une disposition était « claire, précise et dépourvue de toute ambiguïté », elle ne pouvait être interprétée par les juges. Par ailleurs, le défunt n’avait pas besoin de révoquer le testament puisque la condition suspensive non réalisée suffisait à rendre l’écrit désuet.

Sources : LexisNexis, JurisData & Cours suprêmes, Cour d’appel de Paris du 21 mars 20125 n°10/22533.

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